LA DÉMOCRATIE EN QUESTION

Comment définir la démocratie ?
Où et quand est-elle apparue pour la première fois dans l’histoire ?
Quelles formes différentes peut-elle prendre ? Comment répondre à notre époque à la question : qui doit gouverner ? Pourquoi la démocratie suscite-t-elle tant de critiques et pourquoi y a-t-il tant de déçus de la démocratie alors même que l’idéal démocratique semble aujourd’hui régner sans partage ?

Telles sont les questions qui seront débattues dans le cadre du séminaire qui se tiendra à St Pons en 2010, avec la participation de :

Françoise DASTUR, Professeur émérite de Philosophie

Philippe CABESTAN, docteur habilité en philosophie et professeur de classes préparatoires au lycée Janson de Sailly (Paris)

Pierre-Henri TAVOILLOT, docteur en philosophie et maître de conférences à l’Université de Paris IV

Samedi 22 mai
Françoise DASTUR
Petite histoire de la démocratie de l’Antiquité à nos jours : démocratie directe, démocratie représentative, démocratie participative
Répondant : Philippe CABESTAN

Le mot « démocratie » vient du grec et signifie « gouvernement du peuple ». Si l’on s’accorde à penser que c’est en effet dans l’Antiquité gréco-romaine que cette forme de gouvernement voit le jour, on peut néanmoins se demander si l’on ne peut pas retrouver dans l’histoire d’autres traditions où le gouvernement a fait une large place au débat public. Il faudra aussi s’interroger sur la forme qu’elle a d’abord prise, celle de la démocratie directe, et celle qui est désormais la sienne, la démocratie représentative, à partir de sa réapparition en Occident à partir de la fin du XVIIIe siècle. Car c’est dans le contexte d’une interrogation sur les limites de la démocratie représentative (règle de la majorité, professionnalisation de la politique, rôle des experts)) que s’est développée l’idée d’une démocratie participative permettant à l’ensemble des citoyens de s’associer de manière effective à l’élaboration des décisions politiques.

Dimanche 23 mai
Pierre-Henri TAVOILLOT
Qui doit gouverner ?
(I) De la question du meilleur régime à l’énigme du « gouvernement populaire».
Répondant : Philippe CABESTAN

La question directrice de la philosophie politique est simple à formuler : « qui doit gouverner ? » En ce sens, elle n’a rien perdu de son actualité, puisque le citoyen des démocraties se la pose chaque fois qu’il s’agit de renouveler un mandat. Pour éclairer son désarroi, on peut tenter un inventaire des grandes réponses qui y ont été apportées dans l’histoire : elles ne sont pas en nombre infini, même si aucune d’entre elles ne peut se vanter d’avoir résolu le problème.
Depuis 1789, nos sociétés occidentales vivent sur l’évidence d’une solution, durement conquise : c’est au peuple que doit revenir le gouvernement de la cité. Mais qu’est-ce exactement que le peuple ? Sous son apparente simplicité, la réponse démocratique cache une énigme redoutable. Cette deuxième journée sera consacrée à en explorer les aspects.
1) Les grandes réponses : la typologie antique des régimes ; le gouvernement mixte ; Dieu ou César ? ; la « monarchie nationale, absolue, chrétienne » ; les réponses d’ailleurs …
2) Le peuple. Quel peuple ? Le problème de la représentation, l’Etat ou la société civile ? Anarchisme, socialisme étatique, libéralisme.

LUNDI
Pierre-Henri TAVOILLOT
Qui doit gouverner ? Les prétendants contemporains : hommes politiques, médias, juges, intérêts.
Répondant : Philippe CABESTAN

La démocratie produit un double sentiment : puissamment installée dans les mœurs, elle suscite aussi une formidable déception dans les esprits. C’est qu’on la juge moins au regard de ses réalisations que de ses promesses … et elle sont infinies : toujours plus de liberté, d’égalité, de fraternité. Comment envisager un seuil maximum en la matière ? Les exigences du gouvernement sont devenues beaucoup plus nombreuses et complexes, alors même les prétendants à son exercice se font toujours plus nombreux : les citoyens, certes, mais aussi les hommes politiques, les médias, les juges, les intérêts, … Comment les concilier ? Y a-t-il encore « un peuple » pour piloter la démocratie ? Ou est-il en train de disparaître sous nos yeux ?
1) La déception démocratique
2) Les prétendants : le « tout citoyen » ? ; Qu’est-ce que l’« homme politique » ? ; Le règne de la com. ; Des juges arbitres ? ; Des intérêts tout-puissants ?