Vendredi 12 Novembre 2010 – 20h

CHAÏM SOUTINE (1893-1943), LA PEINTURE EMPORTéE PAR LE VENT.

Chaïm Soutine est né près de Minsk en 1893. Fils d’un très modeste tailleur juif, Chaïm a une enfance pauvre, confinée dans un village sans perspectives. En 1910, il passe aux Beaux Arts de Vilnius où il rencontre Krémègne et Kikoïne. Ils partiront, tous les trois, à six mois d’intervalle, pour se retrouver à la Ruche dans ce Paris dont ils ont rêvé. Dans la capitale des arts, Soutine découvre un autre monde. A Paris, Soutine découvre la vitalité du milieu de Montparnasse et il s’intéresse aux chefs d’œuvre du Louvre. Personnage timide, asocial par bien des aspects, inculte de par son enfance, il est d’un commerce difficile et seule la peinture l’intéresse, le motive. Il se lie d’amitié avec Modigliani, mais c’est une relation complexe. Il rencontre Léon Zborowski qui devient son marchand. Zborowski envoie Soutine à Céret et à Cagnes sur Mer, entre 1919 et 1922. Ces voyages sont déterminants pour sa production picturale. Il alterne les séjours à Céret, à Vence, à Cagnes et à Paris. Des paysages tourmentés, dans lesquels il projette son angoisse, aux viandes écartelées et pendues où il sublime le morbide pour en faire de la chair à peinture, sa création est passionnée, les toiles sont reprises, détruites, réorganisées, avortées souvent. Les portraits torturés sont très originaux mais montrent un Soutine sans tendresse pour l’humain : pas un rire, pas un regard tendre, les êtres peints sont peureux, méfiants, en attente, traqués, l’enfance triste du ghetto surgit à chaque instant dans l’angoisse figurée par des couleurs fortes et des mouvements violents de vent et de tempête. Avec l’époque de la guerre, immatriculé comme juif, il se sent traqué et retrouve des sensations d’enfance. Il se réfugie dans l’Yonne puis près de Chinon. Transporté dans une clinique parisienne, opéré trop tard, il meurt en 1943, à 50 ans.

G.C.