par Christian LOUBET
Professeur d’histoire de l’art et des mentalités.
13 janvier 2006 – 20h
A Venise, entre 1515 et 1576, Titien pousse à l’extrême la recherche d’une « orchestration » par la lumière d’une matière picturale où le dessin s’estompe dans l’élan dynamique des figures. Le sujet dès lors importe peu. La peinture devient alors la mise en scène d’un « Irréel », un espace virtuel où les aspirations du peintre et du spectateur se rejoignent. La magie spécifique de l’image provoque l’émotion.
Après 1550 , Le Tintoret s’impose auprès de la clientèle bourgeoise des Confréries. Entre 1564 et 1587, il y réalise seul pour la Scuola San Rocco d’étranges tableaux où l’éclairage projette des figures fantomatiques dans des espaces démultipliés (Crucifixion). Il annonce les recherches du Greco et du Caravage.
Véronèse à l’inverse, sera l’illustrateur du « rêve de Venise », des fêtes sensuelles qu’il traduit dans des coloris délicat aux dominantes froides (Noces de Cana, Repas chez Lévi). Dans la lignée de Titien il exprime une vision positive propre à satisfaire les patriciens (fresques en trompe-l’œil de la Villa Barbaro) dans une Cité qui est entrée dans sa longue décadence. Sa peinture influencera Rubens et Delacroix.
Par M. Christian LOUBET – professeur des Universités en Histoire des Mentalités et des Arts.