par Jean-François MATTEI – Professeur des Universités – département de philosophie – Université de Nice Sophia Antipolis.
Vendredi 18 mars 2005 – 20h.
Intégralité de la conférence dans Archives & bonnes feuilles.
Alfred Hitchcock est considéré dans le monde entier comme le grand maître du film policier et du suspense. Les critiques français, d’Éric Rohmer à François Truffaut, ont cependant vu en lui surtout un créateur original qui renouvelait l’approche du cinéma et nous introduisant à un monde absolument original. On peut aussi découvrir en lui, en premier lieu dans « Vertigo » (« Sueurs froides »), un auteur métaphysique inspiré aussi bien de Platon que de Poe.
Nous verrons, en commentant ce film séquence par séquence et en projetant quelques plans remarquables, comment Hitchcock, en reprenant et en modifiant le roman français de Boileau-Narcejac, présente une variation étonnante sur les thèmes traditionnels de l’amour et de la mort, et porte, à travers eux, un regard aigu sur la condition humaine vouée au temps, à la mémoire et à la mort. L’amour de Scottie (James Stewart) pour Madeleine (Kim Novak) s’avère emblématique de la quête d’éternité qui pousse l’homme, comme chez Proust, à reconnaître que « les seuls vrais paradis sont les paradis que l’on a perdus ».
Il fallait donc que Scottie perde Madeleine pour pouvoir en garder l’image idéale sur le fond d’un vertige qui les a conduits tous deux à leur perte.
Jean-François Mattéi