par Gilbert CROUE – Historien d’art
Vendredi 23 avril 2004
Espace Mimont
il Bernini (dit le Bernin) Gian-Lorenzo Bernini (1598-1680) a été à la fois architecte, sculpteur, peintre, décorateur, créateur de génie, sa renommée romaine a été très importante au XVIIème siècle.
Il a déjà une technique extraordinaire à vingt ans. Grâce à son père, Pietro, sculpteur et décorateur lui-même, il connaît les grands modèles de ses prédécesseurs du XVIème siècle : Michel-Ange et Jean de Bologne.
Il est d’ailleurs intéressant d’étudier les filiations techniques. Ses grandes sculptures, en particulier celles réalisées pour son protecteur le Cardinal Scipion Borghèse pour la Villa Borghèse ( Apollon et Daphné, Pluton et Proserpine), ont fait sa réputation très jeune et font de lui le fondateur du baroque expressif qui rayonnera sur l’Europe à partir de Rome, dans le contexte si puissant de la Contre-Réforme.
Il a la chance, en effet, de vivre à Rome en un moment où les différents papes, amateurs d’art certes, mais surtout conscients de l’importance politique de la représentation de l’Eglise, engagent des fortunes dans des travaux pour assurer la gloire du Catholicisme et la renommée de Rome.
Les grandes commandes afflueront vers l’atelier qui couvrira bientôt Rome de sculptures réalisées, par de nombreux collaborateurs, sur les dessins et les conceptions du Bernin.
La qualité des marbres très expressifs, comme sa célèbre Sainte Thérèse, etla qualité des études de mouvements au service de la piété, apporteront une gloire très importante au Cavalier Bernin et il deviendra, pour l’Europe, le modèle de la sculpture baroque et un artiste recherché par les grands commanditaires.
C’est aussi un architecte de talent et le rival, en ce temps là, de Borromini. (1599-1667). Il construira la colonnade et le baldaquin de Saint-Pierre mais aussi l’église Saint André du Quirinal et de nombreuses autres interventions dans Rome, comme sa célèbre fontaine des quatre fleuves sur la place Navone, fief d’Innocent X.
Il interviendra avec bonheur et avec force pour modeler le nouveau visage de la ville des Papes et contribuera grandement à la réputation de la capitale du Catholicisme qui affirme, par son décor grandiose, sa revanche après la contestation de la Réforme.Le talent du Bernin a été servi par la plus grande maîtrise technique et, s’il a eu la chance historique d’arriver au bon moment, il est sans aucun doute le plus grand sculpteur du XVIIème siècle.
Gilbert Croué,
historien d’Art